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EMMA sur le riz importé, la farine de manioc et l'eau potable

Axe Bertoua-Garoua Boulai, Frontière RCA
January, 2015

Depuis décembre 2013 la crise en Centrafrique (RCA) a provoqué la fuite en masse de civils. Le Cameroun est le pays accueillant le plus gros contingent de réfugiés centrafricains, avec près de 245 000 réfugiés centrafricains. Dans le département du Lom et Djérem où intervient SI, 37 000 réfugiés ont été enregistrés auprès depuis décembre 2014, s’ajoutant aux 31 000 réfugiés arrivés entre 2005 et 2012. Cette arrivée massive de réfugiés engendre des tensions entre communautés hôtes et réfugiés concernant l’accès aux ressources en eau, à la nourriture et aux moyens d’existence.

SI travaille sur la zone de Garoua Boulai depuis août 2014 et met en oeuvre des activités dans les domaines de l’eau, l’hygiène et l’assainissement et des abris. SI souhaite compléter son approche par un volet moyens d'existence et sécurité alimentaire et a lancé un diagnostic des besoins en décembre 2014. Les objectifs de l’étude de marché étaient de a) développer une analyse de référence pour trois systèmes de marchés critiques (le riz importé, la farine de manioc et l’eau) sur la zone de Garoua Boulai (GB), b) comprendre l’impact de l’arrivée massive des réfugiés centrafricains depuis janvier 2014 sur ces mêmes systèmes de marché et c) déterminer les modalités d’interventions de SI en réponse à la crise afin de couvrir les besoins prioritaires des populations réfugiées nouvellement arrivées et des populations hôtes.

La crise a entraîné une baisse de plus de 75% de la demande en riz importé sur la zone, liée à l’arrêt des exportations à destination de la RCA et aux distributions en nature de rations de riz sur la zone et de l’autre côté de la frontière en RCA; cepandant, le marché du riz est bien intégré, et le nombre d’acteurs a peu changé depuis la crise. Le prolongement de cette situation risque de perturber durablement la chaîne de marché du riz importé à moyen terme. Le marché du riz importé a la capacité d’absorber une augmentation de la demande et de répondre à la demande de la population cible et des populations hôtes vivant sur la zone.

La demande en manioc est forte toute l’année, le manioc étant la nourriture de base préférée des communautés hôtes et d’une grande partie des ménages réfugiés. Suite à la crise, l’offre est restée relativement stable sur la zone, mais la demande a fortement augmenté du fait de l’arrivée massive des réfugiés. Les acteurs du marché ont changé tout comme les chaînes d’approvisionnement: le manioc camerounais qui était exporté en RCA est maintenant vendu sur le marché local. Les exportations vers la RCA se sont arrêtées. Actuellement le système du marché du manioc a la capacité d’absorber la demande de la population cible et des populations hôtes vivant sur la zone mais il conviendra de suivre la production de manioc lors des prochaines saisons agricoles.

Suite à la crise, l’offre de l'eau potable est restée relativement stable, mais la demande a fortement augmenté du fait de l’arrivée massive des réfugiés. Le prix de l’eau reste stable tout au long de l’année, y compris pendant la période d’étiage. A GB, l’offre ne permet pas de satisfaire la demande actuelle. A Betare, si l’offre semble être en mesure de couvrir la demande, il conviendra, comme à GB de vérifier la qualité de l’offre via des tests bactériologiques. Il semble y avoir un problème d’accès au marché de l’eau par les réfugiés à Betare. En plus, les ménages réfugiés ne disposent pas de récipients dédiés au stockage de l’eau et utilisent les mêmes récipients pour le transport et le stockage. En outre, ces récipients ne sont pas disponibles au niveau ménage en quantité suffisante.

Comme recommendations, ce rapport propose le partage des résultats avec le PAM et plaidoyer pour que les rations alimentaires soit à minima achetée en local; une pilote hors site de Gado pour une ration distribuée à travers une combinaison de modalités; une étude EMMA sur les systèmes de marché du lait et de la viande ; l'augmentation de la production en manioc via la distribution en nature d’intrants et la vulgarisation agricole; l'amélioration de l’offre en manioc via la vulgarisation de techniques de séchage et de nettoyage; la motorisation de certains points d’eau; une étude hydrogéologique pour la zone Bertoua-GB; l'appui aux détaillants en eau via la formation de groupements de détaillants pour l’amélioration des techniques de transport par charrette à bras; l'amélioration de l’accès à l’eau pour les réfugiés via des vouchers; et la distribution de bidon de stockage en nature au niveau ménage.

Report authors: 
Hélène Juillard
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