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Etude des systèmes de marchés des céréales sèches

Régions du Kanem et du Bahr El Gazal
January, 2012

Les régions du Kanem et du Bahr el Gazal ont une production agricole déficitaire chronique, les conditions environnementales y étant particulièrement difficiles : sécheresse cyclique, variabilité spatio-temporelle de la répartition des pluies, désertification et érosion. Les rendements prévisionnels de la campagne agricole actuelle sur l’ensemble du territoire du Tchad pour la plupart des cultures vivrières sont inférieurs de 8% par rapport à la moyenne quinquennale, et de 34% par rapport à la campagne agricole précédente. Ce déficit est particulièrement marqué dans la bande sahélienne. Selon l’enquête du PAM réalisée en mars-avril 2011, 46,3% de la population du Kanem et 40,5% de la population du Bahr El Gazal sont en insécurité alimentaire sévère.

Dans une perspective de crise alimentaire à venir dans les prochains mois dans les régions du Bahr El Gazal et du Kanem, Oxfam et ACF ont décidé de réaliser une étude des marchés des céréales (mil, sorgho et maïs), en utilisant la méthodologie EMMA, afin de définir les types de réponses et les modalités les plus appropriées pour répondre aux besoins humanitaires. L'équipe a ciblé les systèmes de marché des céréales sèches car elles constituent l’aliment principal des populations des deux régions, et ont donc un impact direct sur la sécurité alimentaire.

La moitié des céréales sur le marché à N’Djamena est importée des pays voisins, du Nigéria et du Cameroun, les coûts d’achat et de transport étant inférieurs aux coûts d’approvisionnement des zones de production du Tchad, qui sont plus éloignées et moins bien desservies par les infrastructures de transport. L’autre moitié des approvisionnements provient des grandes zones de production de mil au Tchad. La production de mil dans les régions du Kanem et du Bahr El Gazal, même en bonne année, reste faible et est majoritairement autoconsommée. Dans la région du Bahr El Gazal, le maïs ne représente qu’une faible proportion des céréales importées car il est peu consommé; en revanche, le maïs est beaucoup plus consommé au Kanem. La consommation de sorgho en bonne année est extrêmement limitée (au Bahr El Gazal) voire quasi-absente (au Kanem).

L’analyse des systèmes de marché de céréales a montré une capacité et une élasticité réduites ne permettant pas une adaptation rapide des marchés à une augmentation de la demande. La forte augmentation des prix sur les marchés depuis la récolte montre d’ailleurs la capacité limitée du marché à répondre aux besoins de la population. L’analyse des acteurs souligne une capacité hétérogène des acteurs le long de chaque filière. Les commerçants grossistes déclaraient avoir la capacité d’augmenter leurs stocks mais cela reste très incertain en prenant en compte le déficit céréalier au Tchad et la perturbation des échanges transfrontaliers. Les commerçants détaillants, en zone urbaine comme en zone rurale, reconnaissent ne pas pouvoir ou très peu augmenter leur capacité par manque de moyens financiers, d’accès aux moyens de transport et à cause du prix élevé des céréales. Une demande soudaine et importante entraînerait une forte inflation sur les marchés des céréales.

Dans ces conditions, l’étude recommande de réaliser des distributions gratuites sur la zone, en priorité dans les zones rurales. Ces distributions permettraient d’une part de stabiliser la hausse des prix, tout en garantissant un accès alimentaire aux populations vulnérables. En parallèle, l’évolution des marchés étant dynamique et dépendant de facteurs externes, il sera essentiel de réaliser un suivi de la situation dans les mois qui viennent, autant au niveau de l’évolution de la capacité des systèmes de marché des céréales, qu’au niveau de l’accès alimentaire des populations vulnérables.

Report authors: 
Nanthilde Kamara
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